Avant toute chose, au jardin d’essai il n’y a pas d’idées préconçues, on aime bien essayer. C’est pour cela qu’avant de vous expliquer comment l’on procède pour notre taille, on vous fait un petit topo simplifié sur des notions qui nous semblent importantes pour comprendre la taille de la tomate.
Les notions de croissance d’une tomate
Notion n°1 – Les feuilles, de vraies panneaux solaires !
La tomate est une plante autotrophe, ce qui veut dire qu’elle réalise la photosynthèse. En effet, une tomate est comme toutes les plantes vertes, elle produit son énergie pour pousser par la photosynthèse. Le siège de la photosynthèse est principalement les feuilles, chargées en chlorophylle, le pigment qui permet de transformer l’énergie lumineuse en matière carbonée qui compose la plante.
Le fonctionnement de manière générale est : le mélange eau/nutriments monte des racines jusqu’aux feuilles grâce à la transpiration de cette dernière. Le CO2 de l’air est capté par la feuille, et grâce à l’énergie lumineuse, la photosynthèse se fait, donnant de l’énergie pour la plante et relâchant de l’O2.
Notion n°2 – L’équilibre végétatif/génératif
Toute plante est destinée à se reproduire, pour cela, durant son cycle, elle va grandir et une fois mature, elle va chercher à perpétuer sa descendance par ses graines. Chez la tomate, le végétatif est la production de tiges et de feuilles, le génératif, est la production de graines et donc de fruits (les tomates). Pour une bonne production de tomates, on recherche un bon équilibre végétatif/génératif pour que l’énergie produite par les feuilles serve à grossir les fruits et pas uniquement à produire de nouvelles tiges et feuilles.
Notion n°3 – La réaction au stress et la mise à fleurs
Dans son cycle normal, une fois atteint sa maturité une plante cherche à se reproduire et perpétuer sa descendance en produisant des graines. Pour la tomate, c’est ce qu’il nous intéresse, car nous mangeons ses fruits. Les plantes ne sont pas dénuées de sensibilité et perçoivent le stress qu’elles rencontrent. Cela peut être un manque d’eau, une température trop fraîche ou une blessure. Et selon les plantes, un stress peut accélérer l’envie de se reproduire et donc de faire des fleurs !
Notion n°4 – L’architecture d’un plant de tomate
Un plant de tomate pousse à peu de chose près toujours de la même manière : c’est inscrit dans ses gènes. La tige principale pousse, trois feuilles apparaissent, puis vient un bouquet floral qui portera les tomates. Et ainsi de suite, la tige principale va continuer de croître en faisant des feuilles et des fleurs. À cette croissance principale s’ajoute une croissance parallèle, des tiges secondaires qui apparaissent à la base des feuilles, ce sont les axillaires ou gourmands.
Il y a bien sur des exceptions qui confirment la règle : certaines variétés sont dites à port déterminé, ce qui veut dire que les tiges finissent par des fleurs, ce qui à pour effet de stopper leur croissance. De même, il arrive souvent que les tiges se séparent en deux ou même qu’un bouquet de fleurs finisse par une tige !
La taille que nous réalisons au Jardin d’Essai
Chaque année, nous testons de nouvelles variétés de tomates. Ainsi, plus de 60 variétés sont plantées tous les ans. On installe en règle générale trois pieds minimum de chaque variété, une multiplication et vous pouvez imaginer la place que prennent les tomates !
C’est notamment pour cela que l’on taille. En effet, la première raison est d’éviter que le tunnel ressemble à une jungle impénétrable…
La taille que nous réalisons n’a rien d’exceptionnelle, c’est une taille très répandue chez les maraîchers qui cultivent en pleine terre.
Cela commence par un égourmandage régulier des plants de tomate. Nous supprimons toutes les pousses axillaires au moins une fois par semaine, ce qui nous permet en même temps de palisser les tomates sur un fil. Pour plus d’explication, sur cette technique, nous avions fait une vidéo : https://www.youtube.com/watch?v=vlyM6mafYS8
Selon nous, la suppression des gourmands nous aide à mieux répartir dans le temps la récolte, car normalement en supprimant les fleurs des gourmands, il n’y a pas de grappes au même stade de maturité sur un même pied. Chose toute simple également, on ne met qu’un fil par pied de tomate, donc il y a impossibilité de palisser des tomates avec plusieurs têtes.
Viens ensuite, plus tard en saison, un effeuillage. Nous enlevons les feuilles basses au moins jusqu’au premier bouquet de fleurs, puis une feuille par-ci par là. Plusieurs raisons justifient notre effeuillage : la première est de limiter la végétation et d’y voir plus clair dans le tunnel. Cela permet également d’aérer et de faciliter la ventilation à travers la serre pour éviter les maladies dues à l’humidité stagnante comme, par exemple, le mildiou. L’effeuillage nous permet aussi de supprimer les feuilles malades et ainsi limiter la propagation des maladies entre les plantes.
Dernier point, nous pensons que cela est un moyen de stresser la plante dans le but de la rendre plus productive, en concentrant l’énergie produite par la plante vers les tomates ! Dans l’espoir d’avoir de gros fruits remplis de sucres et non uniquement d’eau.
Dorénavant, vous savez tout de la taille que l’on réalise au Jardin d’Essai. Nous en sommes satisfaits, car chaque année, nous avons une production conséquente et régulière tout au long de la saison. Mais vous en conviendrait, il n’y a pas de règle générale, la taille reste à adapter selon les variétés cultivées et les caractéristiques de votre potager. Le but premier de cet article était de vous expliquer le pourquoi du comment de notre taille. Maintenant, je l’espère, vous avez plus d’informations pour choisir comment tailler vos tomates et participer au débat houleux :
La tomate on la taille ou pas ? ?