La couche chaude, la méthode pour les semis précoces !

La couche chaude, késako ? Le principe de la couche chaude est connu depuis bien longtemps.  C’est une méthode pour hâter les semis en début de saison. Cela consiste en un coffrage ou châssis dans lequel on dépose de la matière organique. En se décomposant, la matière organique produit de la chaleur, ce qui permet de chauffer la terre à l’intérieur du châssis et de réaliser des semis précoces.

Mais par quelle magie ?

La matière organique est composée de plusieurs éléments (molécules carbonées, azotées…), et ces éléments vont être dégradés par une multitude de micro-organismes. Des bactéries, des champignons, et autres petites bêtes invisibles à l’œil nu. En mangeant la matière organique et en se multipliant, ces micro-organismes vont dégager de la chaleur. Mais ces différents squatteurs des tas de compost ne se développent pas dans les mêmes conditions. Certains préfèrent vivre en présence d’oxygène, d’autres non. De même ils ne dégradent pas la même partie de la matière organique.

Nous ici, ce qui nous intéresse pour notre couche chaude, ce sont les bactéries, car elles produisent de la chaleur et qu’elles se multiplient très vite ! De manière exponentielle : 1 bactérie donnent 2 bactéries, qui en font 4, puis 8 puis 16 puis … à vous de calculer mais, vous aurez compris l’idée ! ?
Nos bactéries apprécient aussi beaucoup l’humidité, la matière organique facilement dégradable et n’ont pas besoin d’oxygène.

La couche chaude au Jardin d’Essai

Toujours curieux de tester différentes techniques au Jardin d’Essai , nous nous sommes lancé dans la réalisation d’une couche chaude. Grâce à elle, nous espérons pouvoir hâter quelques légumes (navets, radis…) et réaliser des jeunes plants dans la serre sans utiliser de nappe chauffante.

Pour commencer nous avons délimité l’endroit où poser le châssis. Pour les dimensions, nous avons fait en fonction de la quantité de matière organique (crottin de cheval) que nous avions, une demi-remorque environ.

Nous avons choisi du crottin de cheval, car il y a un centre équestre dans le même village que le jardin. Et oui, pensons économie circulaire ! Et, apparemment, les couches chaudes réussissent bien avec du fumier de cheval car la décomposition de celui-ci se fait sur une période plus longue que d’autres types d’excréments d’animaux. Afin d’en être sûr, nous avons fait une autre couche avec de la fiente de volailles, là encore d’un voisin éleveur. Vive la vie à la campagne ! ?

création d'une fosse de 20 cm
Réalisation de la fosse dans la serre

C’est parti, on se retrousse les manches et on creuse ! Cela commence par décaisser environ 20 cm de terre pour créer une fosse sous le futur châssis.

Une fois la fosse réalisée, on passe à la création du châssis .

Rien de bien compliqué : des planches, des vis, des fenêtres et l’huile de coude. Nous avons choisi de ne pas voir trop grand, car plus la couche de matière organique est épaisse, plus cela chauffe (en théorie !). Nous avons séparé en deux le châssis pour comparer la différence entre la couche chaude faite avec le fumier de cheval de celle faite avec la fiente de volaille.

Une fois fait, il faut constituer la couche chaude.

réalisation de la couche chaude avec du fumier de cheval
Composition de la couche chaude : paille et crottin de cheval

Dans un premier temps nous avons émietté les crottin de cheval que nous avons mélangé à de la paille. Nous avons décidé de ne pas mettre trop de paille car nos bactéries préfèrent le crottin qui se décompose plus rapidement que la paille.

fumier de cheval pour la couche chaude
Mélange de paille et de crottin de cheval

Une fois le fumier réparti au fond du châssis (soit environ 25 cm), nous arrosons copieusement pour activer les micro-organismes (mais pas trop pour pas les noyer non plus).

Puis on complète la couche avec 15 cm de terreau afin de faire le lit de semence. Il ne faut pas négliger l’épaisseur du lit de semence car c’est là où vont se développer les racines de nos légumes et non dans le fumier de cheval, bien trop chaud et azoté.

répartition terreau pour semis sur la couche chaude
Mise en place du terreau pour le lit de semence

Voilà la couche chaude est réalisée ! Le fumier sous le terreau devrait commencer à chauffer d’ici quelques jours, ce qui chauffera le terreau au dessus. Selon la littérature, une couche chaude commence par chauffer très fort, moment appelé « coup de feu », une température de plus de 70°c peut être atteinte. À cette température, hors de question de mettre quoique ce soit dans le châssis, mais après une semaine, la température diminue. C’est à ce moment la que l’on pourra profiter de la chaleur propice au semis.

vérification de la chaleur dans la couche chaude
Thermomètre de couche très pratique pour contrôler la température : au début, c’est froid… ?

Si notre couche chaude fonctionne, nous essayerons de hâter radis, navets et mettrons nos plants de légumes du soleil (aubergines et poivrons principalement, qui sont en godet) pour qu’ils aient un maximum de lumière dans la serre tout en ayant les pieds au chaud.

Mais pour l’instant on attend ! Attention, chaud devant ? !

6 commentaires Ajoutez le votre

  1. Sarastro dit :

    Bonjour,
    N’est-ce pas un peu délicat d’utiliser les crottins d’un centre équestre? Ceux que j’ai pu observer avaient beaucoup recours au vétérinaire et aux antibiotiques. C’est peut-être moins risqué avec des chevaux élevés pour la boucherie, mais c’est plus rare !
    Cordialement
    Sarastro

    1. Bonjour,
      C’est vrai, c’est une remarque juste et, pour ne rien vous cacher, nous n’y avions pas pensé au préalable, nous sommes allés au plus prêt.
      Au vu des premiers résultats des tests, nous utiliserons à l’avenir plus probablement du fumier de poules, c’est plus concluant.

    2. pb dit :

      non,la forte chaleur détruit les molécules,autorisé en bio

  2. David dit :

    Bonjour,pouvez faire un retour texte et image sur le test s’il vous plaît

  3. Alexandra BOGDAN dit :

    Bonjour
    Vous n’avez pas donné les résultats de vos essais de couche chaude avec le fumier de poules.
    Comme j’aimerais bien tester avec ce type de fumier et avec celui de brebis j’aimerais avoir votre retour
    Merci

    1. Bonjour,
      Le fumier de poules nous a mieux convenu. Certes il chauffe plus fort et plus vite MAIS moins longtemps que le fumier de cheval, mais il a été aussi plus adapté à notre besoin de chaud sur une courte période, celle de la germination et des premiers jours.
      Notre climat angevin ne nécessite pas une folle chaleur sur une longue durée et les jeunes plants étaient ensuite dans un chassis, sous la serre, ils étaient bien.
      De plus, l’approvisionnement est, pour nous, plus aisé avec de la fiente de poule qu’avec du crottin de cheval. Sans parler de la qualité sanitaire du fumier de cheval où il y a souvent plus de trace d’antibiotiques et autres produits vétérinaires que dans les fientes de poules.
      Bref, pour nous, c’est la poule ! 😉

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