La Mertensia maritima, l’huître qui pousse en terre
N’allez pas vous imaginer qu’un fruit de mer va émerger de votre potager. La Mertensia Maritima, également appelée « Pulmonaire de Virginie », est bien une plante de jardin qui se cultive comme un légume. Son signe distinctif perce dans son goût qui surprend par ses notes iodées très proches de la saveur authentique de l’huître.
Autrefois présente sur l’ensemble du littoral atlantique (de chaque côté de l’océan, on en trouve aussi au Canada), cette plante n’existe plus aujourd’hui à l’état sauvage, victime du pietinement des dunes, son lieu d’implantation, et de la cueillette sauvage. De plus, son faible système racinaire la rend fragile et vulnérable.
A l’œil nu, cette Boraginacée se distingue par sa silhouette courte habillée de rameaux verts argentés arborant des fleurs en clochette où le bleu semble se teinter de mauve. Très belle à voir, la Mertensia recèle son plus beau secret dans l’épaisseur de ses feuilles croquantes imprégnées d’un arôme marin inattendu. Les cuisiniers ont su s’emparer de cet accent gustatif rafraîchissant pour épater leurs convives. La présence de l’huître végétale, plus riche en fer que les épinards, se fait sentir dans les salades (comme le mesclun par exemple) et agrémente certains poissons. Elle relève sans mal un filet de saumon ou un dos de cabillaud. Sur un pain de seigle beurré, elle se fait amuse-gueule à l’heure de l’apéro ou s’apprécie en mousse comme en sauce sur un plateau de fruits de mer.
Vivace, la plante supporte bien le gel et traverse assez facilement le cycle des saisons. L’été, elle devra néanmoins être préservée d’une exposition permanente au soleil : au jardin, la Mertensia goûte les emplacements mi-ombragés et aime à se développer dans des substrats frais et perméables constitués à parts égales de terreau et de sable. Si des arrosages réguliers vont l’aider à bien passer l’été, il faut toutefois veiller à ce que l’eau ne stagne pas : les racines de la plante redoutent en effet l’excès d’humidité. Par contre, n’hésitez pas à la bassiner, c’est-à-dire à l’arroser directement sur les feuilles, ce qui permet de la rafraîchir, elle adore !
Préparation des graines
Pour une culture en extérieur, nous vous conseillons vivement un semis à l’automne, auquel cas la germination et la floraison interviendront dès le retour des beaux jours, à partir de mars, avril ou mai selon les régions. Semez en pépinière, vous effectuerez un repiquage au printemps.
Un semis est aussi possible au printemps mais n’est guère conseillé, la levée étant très étalée à cette période. Si vous souhaitez semer en mars-avril, vous devrez lever la dormance des graines, opération qui consiste à les exposer artificiellement au froid afin de déclencher leur processus de croissance. Cette phase de réveil (ou de stratification) nécessite un séjour d’un mois dans un milieu simulant des conditions hivernales. Une mise au réfrigérateur, dans une température légèrement supérieur au point de congélation (entre 1°C et 5°C), signalera à la graine que l’hiver a fait son œuvre et qu’il est temps pour elle d’amorcer son développement. Mais notre expérience nous amène à vous le déconseiller, un semis automnal revenant au même en terme de stratification, mais en plus naturel.
Culture
L’huître végétale nécessite quelques précautions :
-Un paillage pour maintenir son pied au frais si l’été est particulièrement chaud.
-Une taille de ses tiges jusqu’aux deux-tiers de leur longueur pour redonner de la force à la plante, lorsqu’elle se ramifie et commence à fleurir :
-Une surélévation pour la protéger de l’escargot, son ennemi mortel. Une culture en pot est d’autant plus conseillée qu’elle permet de délimiter l’espace de développement de la Mertensia, apte à prendre une certaine amplitude lorsqu’elle se sent d’aise en pleine terre. La culture en pot permet de répondre plus facilement au besoin de cette plante (drainage, mise à l’ombre en cas de fortes chaleur, etc.) et nous avons constaté de meilleurs résultats ainsi.
La récole des feuilles s’effectue du printemps à l’automne en fonction des besoins. Attention à ne pas dépouiller la plante de la totalité de ses feuilles : il doit lui en rester au moins la moitié pour poursuivre son développement. Il est ainsi préférable de couper les extrémités des tiges, ce qu’il l’obligera à ramifier, plutôt que de lui arracher les feuilles.
Bientôt au catalogue ?
Elle sera enfin au catalogue en décembre 2017 , en graines BIO, en plus !