Pucerons : une si petite bête…
Les pucerons, tout le monde connaît. Ces petites bêtes apparaissent comme par magie, du jour au lendemain !
Ce petit insecte de quelques millimètres, souvent vert (mais aussi noir, rouge, rose, jaune, bleu…) est un insecte suceur qui s’alimente grâce à la sève des plantes qu’il colonise. On le trouve souvent à l’arrière des feuilles ou sur les nouvelles feuilles car ces parties sont plus tendres.
…mais des dégâts considérables !
Les pucerons, lorsqu’ils ont des conditions adaptées, se développent terriblement vite.
Au début de ces attaques, le puceron piquant en général sous la jeune feuille, les feuilles semblent se contracter sur elles-mêmes :
Ensuite, les déformations deviennent vraiment impressionnantes, de sorte qu’il est parfois difficile d’imaginer qu’un si petit insecte puisse en être la cause :
Voici le cheminement de la déformation :
En début de saison, sur les jeunes plants, cette forte pression amène des retards de développement de la plante, qui se voit freiné par tous ces suceurs de sève ! Les problèmes physiologiques qui découlent de la déformation des feuilles sont aussi une gêne à la croissance de la plante. Ainsi, dans le tunnel du Jardin d’Essai, la floraison des poivrons a, au minimum, 2 à 3 semaines de retard…
On a pris cher ! 😮 et voici comment :
Les étapes de l’infestation
La première génération de pucerons arrive assez tôt en saison, sitôt les premières chaleurs. Les ravageurs de ces ravageurs n’arrivent qu’ensuite, quand il y a assez à manger.
Il faut donc s’occuper très vite des premiers foyers de pucerons car, une fois installés, ils sont très difficiles à déloger. Et c’est exactement ce que nous n’avons pas fait : en ce début avril, nous avions dans le tunnel nos plants d’aubergines et de poivrons fraichement repiqués, mais aussi d’autres semis nécessitant de la chaleur. Il aurait été très utile d’aérer en journée un maximum, afin de permettre aux auxiliaires naturels du jardinier, ces « ennemis de nos ennemis » de venir manger nos pucerons et d’équilibrer l’ensemble.
Or, les autres semis présents dans le tunnel ne permettant pas cette aération maximum, nos petits pucerons se sont retrouvés tout à leur aise et ont pu pulluler à une vitesse dingue ! Ne me parlez pas des lapins, les pucerons les battent aisément ! 😉
Pas de prédateurs, de la bouffe à volonté avec de nombreuses jeunes feuilles à sucer, ils étaient les rois !
Et nous, dans tout ça ? Un peu débordé par l’ensemble des tâches du printemps, on se disait que Dame Nature équilibrera l’ensemble le moment venu… Un peu utopique, en fait, car Dame Nature ne construisant pas de tunnel plastique fermé, elle n’avait pas prévu de solution ! 😀
On a donc dû la seconder, au départ avec du savon noir mais, si c’est très bien en préventif ou en cas de faible population, en cas d’infestation énorme, c’est un peu juste. Et le mal empirait…
Au grand maux, les grands moyens (et la mort dans l’âme), on a passé un insecticide à base de pyrèthre, BIO certes, mais dévastateur quand même pour l’ensemble des insectes, et pas juste nos maudits pucerons. Mais cela nous a permis de repartir sur une pression moindre et la météo et l’avancées des cultures le permettant, d’ouvrir les tunnels et de faire rentrer la vie, toute la vie…
Les auxiliaires de culture
La PBI (production biologique intégrée) consiste à se servir des prédateurs des ravageurs de culture afin de limiter leurs dégâts. Cela ne consiste pas à éradiquer les ravageurs mais à les limiter à un niveau acceptable et ainsi, de créer un équilibre. Et dans la chaîne alimentaire des insectes, le puceron a de nombreux ennemis, qui apparaissent en nombre dès que le festin s’annonce.
Voici, sans être exhaustif, quelques auxiliaires que nous avons pu identifier dans le tunnel. On distingue principalement deux types d’auxiliaires : les prédateurs et les parasitoïdes. Commençons par le parasitoïde :
*Observez bien les plantes porteuses de pucerons, vous découvrirez certains pucerons avec un drôle de corps, comme s’il avait été gonflé à l’hélium. Dans les faits, il a été parasité par une petite guêpe de la famille des Aphidius. La petite guêpe a pondu dans le corps du puceron et, dorénavant, une petite larve l’habite. Le cycle de développement de l’oeuf se fera dans le corps,et au détriment, du puceron-hôte, ce qui entrainera sa mort. On dit qu’il est momifié, en voilà un qui ne vous posera plus de problème :
Plus d’infos sur ce très bon site de vulgarisation sur le sujet des fourmis et de bon nombre d’insectes, avec en particulier un article très complet sur les aphidius.
Ensuite, passons aux prédateurs qui consomment leurs proies pour s’en nourrir :
*La syrphe n’est probablement pas le plus connu des insectes auxiliaires mais c’est bien dommage tant elle est efficace. Petite mouche aux allures de guêpe -probablement pour avoir la paix 😉 , elle est, adulte, une sympathique pollinisatrice. Oui, oui, vous avez bien lu, une mouche qui pollinise ! Dans les faits, il y en a beaucoup, la plupart des ombellifères (comme les carottes) sont pollinisés par des mouches, l’abeille n’a pas le monopole !
Mais ce qui la rend parfaitement essentielle au jardin, c’est sa larve, grande vorace de pucerons, vous l’auriez deviné ! On peut la voir sur le haut de cette image :
*La coccinelle est similaire à la syrphe, c’est de sa larve dont vous avez besoin si vous souhaitez lutter contre les pucerons. Voici à quoi elle ressemble, à plusieurs étapes de son développement :
*Accueillir une chrysope dans votre potager sera aussi une excellente idée car elle va pondre des œufs curieux qui donneront naissance, là encore, à une larve dévoreuse de plusieurs centaines de pucerons par semaine. Pas facile à repérer, l’œuf, souvent seul, se trouve au bout d’un fin filament de presque 1 centimètre de long :
*Enfin, une petite dernière, et quand on dit petite… Certaines cécidomyies (petites mouches de quelques millimètres) rentre dans la catégorie des prédateurs de pucerons, et plus particulièrement la Aphidoletes aphidimyza, dont la larve (ainsi que l’oeuf, en photo ci-dessous) minuscule, mais orange pour pouvoir la voir 😉 , va immobiliser le puceron puis littéralement l’aspirer de l’intérieur :
Comme on peut le voir, manger des pucerons est finalement une affaire de juvéniles, car ce sont les larves qui déciment les colonies de pucerons ! Il vous faudra donc initier le cycle avec des adultes, à héberger dans votre jardin.
Afin de permettre à ces alliés de venir rapidement sur les zones « enpuceronnées », il est utile de leur prévoir des zones un peu plus « sauvages ». Nous avons ainsi pu constater que l’ortie était porteuse de nombreuses coccinelles. Chez La Bonne Graine, nous proposons aussi un mélange de fleurs particulièrement adaptées à l’hébergement des insectes auxiliaires, la prairie fleurie « coccinelles et auxiliaires ».
Pour la saison prochaine, nous allons faire au mieux afin de permettre l’implantation plus rapide des auxiliaires. Nous allons aussi tester un traitement répulsif à base d’huiles essentielles de géranium rosat, mais cela fera l’objet probablement d’un autre article ou d’un post sur Facebook. Alors, suivez-nous et n’hésitez surtout pas à nous faire vos commentaires et à nous donner vos techniques !
Beaucoup d’informations et de photos précises. Merci